Un survivaliste, c’est superpratique

Cette semaine, Oskar Freysinger a affreusement affaibli la préparation du Valais à un conflit mondial généralisé en se séparant de Piero San Giorgio, un renommé survivaliste.

Oui, moi aussi, ça m’emmerde de parler d’un politicien valaisan toutes les trois chroniques, mais y a pas à dire, le Valais et les scandales politiques, c’est Woody Allen et ses films, ils les produisent à la chaîne et ça ressemble jamais à celui d’avant. Vous vous attendiez à une blague d’inceste, hein? Vous devriez avoir honte.

Piero San Giorgio est un survivaliste. Il croit que la planète va vers un effondrement énergétique, politique et économique qui la mènera à un état de guerre généralisée d’ici à 2025. C’est bientôt. On a quand même déjà attribué des Coupes du monde de football jusqu’en 2022. Le plus inquiétant dans le fait que Freysinger prenne des mesures pour se préparer à une guerre généralisée en 2025, c’est qu’il est capable de la déclarer pour avoir raison.

San Giorgio a de bons conseils: «Le seul moyen de survivre, c’est de s’établir dans un endroit éloigné des zones de troubles et d’acquérir une autonomie durable.» Vous habitez déjà en Valais les gars, la moitié du boulot est fait. Si une guerre mondiale éclate en 2025, à Brigue, ils le sauront qu’en 2032.

Il croit aussi qu’en tant qu’Européens notre vocation, c’est d’être SS, et qu’il faut plus ou moins laisser mourir les faibles, les handicapés, les malades et les migrants. C’est un homme de grandes déclarations. «Je suis pacifique mais je ne suis pas non-violent. La violence résout tous les problèmes.» Waouh, que de profondeur! A quand «Je suis végétarien mais je bouffe de la viande» et «Je suis hétéro mais je couche avec des hommes»?

Après ces révélations dans la presse, enfin, «révélations», ils n’ont pas eu à enquêter beaucoup plus loin que You-Tube, le monsieur est viré. Enfin, pas viré, puisque, à écouter Oskar, il n’a jamais été engagé, c’était un expert externe, donc ils ne feront plus appel à lui, et de toute façon il n’était venu qu’à deux séances, rien de sérieux, et puis c’était même pas sa meuf hein, juste un coup d’un soir.

Et Oskar Freysinger a du boulot, il n’a pas le temps de taper les noms de tous les intervenants de son département dans Google. Déjà qu’il cherche le sien cinq fois par jour, il n’y a que 24 heures dans une journée.

Sa performance dans une interview pour Canal 9 pourrait être nominée aux oscars ces huit prochaines années. Il aurait pu pousser un peu plus: «Je connais à peine ce monsieur, comment vous dites, Paolo al pesto?»

Certes, il y a bien cette vidéo sur la terrasse de Freysinger où les deux hommes se tutoient et semblent avoir gardé les moutons, mais c’est pas parce qu’on se tutoie un jour qu’on est proches, demandez à Mélenchon et Cohn-Bendit. Et que celui qui n’a jamais accueilli un survivaliste néonazi sur sa terrasse pour l’apéro et posté ensuite la vidéo sur son blog lui jette la première pierre. C’est une expression, Oskar! Je précise, avant qu’il nous prenne pour des salafistes et nous envoie Piero et ses mitraillettes.

Oui, c’était sur son blog, car Oskar adore s’afficher avec ce genre de personnage et parcourt toutes les conférences d’extrême droite d’Europe. Mais attention à ne pas faire de raccourcis malhonnêtes, c’est pas parce qu’il s’affiche régulièrement avec des suprémacistes blancs aux thèses plus belliqueuses les unes que les autres qu’Oskar Freysinger partage ces idées. C’est pas parce que quasi tous ses potes ont une opinion qu’il a la même, c’est peut-être un hasard et ils n’ont jamais abordé le sujet. Regardez autour de vous avant de critiquer, c’est possible que l’entier de votre entourage soit fan de yoga, à votre insu! Non, ça, c’est impossible, ils l’auraient déjà posté 108 fois sur les réseaux sociaux. Mais il faut se méfier de tout le monde, et c’est pour ça qu’un survivaliste, c’est superpratique.

M. Freysinger, qui vous êtes si souvent réclamé du «parler vrai», d’oser dire tout haut ce que le peuple pense tout bas, je crois qu’il faut vous avouer ce que le peuple pense tout bas, et même assez haut, cette semaine: vous êtes un gros mytho.

Moi aussi, j’ai des conseils de survie, engagez-moi! En cas d’attaques de zombies, invitez-les sur votre terrasse à bouffer la fondue, ils seront ballonnés et courront moins vite. Ou alors, je sais, j’ai un autre conseil de survie: on va essayer plutôt d’éviter la guerre mondiale.

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