La Liberté: La Fondation contre le racisme et l’antisémitisme a réagi hier à la suite du concert néonazi
Extrême droite L Mobilisation après le festival néonazi de samedi dernier à Unterwasser (SG): la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme (GRA) a déposé plainte pénale pour violation de la norme pénale contre le racisme. La plainte vise les cinq groupes invités, dont un suisse, ainsi que l’organisateur, dont le nom n’a pas été divulgué.
«Nous avons expressément porté plainte contre l’organisateur et contre les groupes Amok, Stahlgewitter, Confident of Victory, Exzess et Frontalkraft, explique le président de la GRA, Ronnie Bernheim. Nous connaissons les chansons et les actions déjà perpétrées par ces groupes, qui sont extrêmement agressifs.» Selon le Tages-Anzeiger d’hier, les membres du groupe suisse Amok ont eu affaire à la justice en 2008. Son leader est aussi impliqué dans l’attaque d’un juif orthodoxe à Zurich, en pleine rue, en juillet 2015: un groupe lui avait craché au visage en faisant le cri de ralliement nazi. La procédure est encore pendante.
Une sorte de paradis
Selon Ronnie Bernheim, la Suisse est devenue «une sorte de paradis pour les activités néonazies européennes. Il est notamment possible d’y acheter des articles de l’époque nazie et des emblèmes néonazis, dont la vente est interdite dans d’autres pays. La plupart de nos voisins ont des lois plus strictes, souligne-t-il. Notre norme pénale contre le racisme est moins forte et son application est modérée, ce que je ne remets d’ailleurs pas en question. Mais il s’agit d’envoyer un signal clair aux néonazis: ils ne doivent pas pouvoir venir faire chez nous ce que d’autres pays leur interdisent.»
La fondation espère qu’un procès pourra démontrer que la norme pénale est applicable à ce type de concerts. «En cas de manque de preuves, il faudra savoir si les autorités et la police avaient accès aux locaux, ce qui devrait déterminer, par la suite, s’il faut entraîner et sensibiliser la police pour récolter rapidement des preuves et éviter ce genre d’événements», ajoute Ronnie Bernheim. Dès dimanche, des voix se sont en effet étonnées du comportement de la police, qui n’est pas intervenue pendant les concerts.
«Tout le monde a été surpris, admet le président de la GRA. Mais, même pour les non-juristes, il est assez clair que 5000 personnes forment un événement public.»
«On les avait oubliés»
La norme pénale contre le racisme sanctionne des propos proférés en public. Or l’autorisation avait été octroyée pour un événement qualifié de privé. Le festival de samedi «est à l’image de ce qui est en train de se développer en Europe, craint le président de la GRA. A force de parler de terrorisme, le grand public avait oublié les néonazis. Mais ils n’ont pas disparu.»
De son côté, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) était au courant de la manifestation. Il en a informé les polices cantonales, dont celle de Saint-Gall, mais elles n’ont pas réussi à déterminer le lieu exact. La commission de la politique de sécurité du National s’est également penchée, hier, sur les événements, en auditionnant Markus Seiler, chef du Service de renseignement de la Confédération, a rapporté l’ATS. La commission aurait aussi reçu des informations de la part du chef du Département fédéral de la défense (DDPS), Guy Parmelin.
Jakob Büchler (pdc, SG), membre de la commission, estime que la manifestation aurait pu être évitée si une base juridique existait. Il envisage de déposer une intervention parlementaire lors de la prochaine session. Par ailleurs, la présidente de la commission Corina Eichenberger (plr, AG) a décidé de déposer une plainte pénale contre inconnu pour violation du secret de fonction, des informations confidentielles ayant filtré dans les médias avant la fin de la séance. Tenue de garder ses débats confidentiels, la commission a sévèrement critiqué ces indiscrétions, a-t-elle fait savoir hier dans un communiqué.
Enfin, selon le Tages-Anzeiger, un prochain concert néonazi pourrait avoir lieu le week-end prochain à Rapperswil (SG). · avec ats