Tribune de Genève. L’essayiste franco-suisse d’extrême droite a été reconnu coupable de diffamation et d’incitation à la haine. Il va plaider l’acquittement devant le Tribunal de police de Lausanne.
ATS
Le procès de l’essayiste franco-suisse d’extrême droite Alain Soral pour homophobie s’ouvre mercredi devant le Tribunal de police de l’arrondissement de Lausanne. L’idéologue avait été condamné à trois mois de prison ferme par le procureur général vaudois. Il va plaider l’acquittement.
Alain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, 64 ans et domicilié à Lausanne depuis octobre 2019, a été reconnu coupable de diffamation et de discrimination ou incitation à la haine par ordonnance pénale du Ministère public cantonal au printemps dernier. Il s’en était pris à une journaliste de La Tribune de Genève et 24 heures ayant publié un article à son sujet en août 2021.
Outre les trois mois de prison ferme, le pamphlétaire a aussi été condamné à 1500 francs de jours-amende et à 1950 francs de frais de justice. Or il a fait recours contre cette sanction, d’où le procès cette semaine devant la justice vaudoise. Un procès qui sera aussi le théâtre du dernier réquisitoire du procureur général Eric Cottier avant son départ à la retraite.
«Délit de pensée»
Avocat d’Alain Soral, Pascal Junod avait estimé que la peine prononcée «pour un pur délit de pensée est extravagante», d’autant que son client «est un primodélinquant en Suisse».
«Cette décision s’inscrit servilement dans une politique, chère à l’Union européenne, de censure et de répression de la pensée, qui marque une véritable régression du droit en ce qu’il garantissait la liberté d’expression, de conscience et de pensée précisément», avait affirmé Pascal Junod.
Selon lui, cette condamnation «marque aussi les limites et les dérives de la disposition liberticide, dite antiraciste, étendue à l’homophobie et critiquée par de nombreux juristes».
De son côté, la plaignante avait dit se réjouir de cette condamnation. «D’une part, elle montre qu’on ne peut pas impunément semer des discours haineux, et dans le cas spécifique, contre les personnes LGBT. Elle signifie aussi que les attaques personnelles ne peuvent être tolérées dans l’exercice de notre profession de journaliste», avait-elle affirmé.
Propos tenus dans une vidéo
Cette condamnation a fait suite à des propos tenus par Alain Soral dans une vidéo publiée sur le site internet de son association Égalité et Réconciliation (E&R). Il y avait tenu un discours homophobe envers la journaliste en raison de ses articles publiés dans les deux journaux lémaniques, la traitant notamment de «grosse lesbienne» et «militante queer», insinuant que ce dernier terme voulait dire «désaxé».
La journaliste avait déposé une plainte pénale en septembre 2021. Le procureur général vaudois Eric Cottier a estimé qu’Alain Soral cherchait à «éveiller» un sentiment homophobe auprès de son public. Sa déclaration avait pour but de diffuser «du mépris à l’encontre de la plaignante en tant que lesbienne et plus largement à l’encontre des membres de la communauté homosexuelle».
Pink Cross, l’Organisation suisse des lesbiennes (LOS), Vogay et l’Association Lilith avaient également dénoncé à la justice ces déclarations discriminantes.
Pas extradable
L’idéologue franco-suisse d’extrême droite a déjà été condamné à une vingtaine de reprises en France, en grande partie pour des infractions liées à la provocation à la haine, diffamation et injure antisémite. Son installation en Suisse visait notamment à échapper à la prison dans l’Hexagone, n’étant pas extradable en raison de sa double nationalité.
Pour rappel, en Suisse, une nouvelle disposition du Code pénal, approuvée par le peuple en février 2020, permet de sanctionner la propagation de la haine ainsi que les appels à la discrimination ou à la violence fondés sur l’orientation sexuelle, à l’instar des discriminations visant l’ethnie, la religion ou l’origine depuis la norme antiraciste introduite en 1995.