Vandalisme – Les déprédations ont été découvertes hier matin.
Jérôme faas
La grande synagogue de Genève, principalement fréquentée par les Juifs ashkénazes, est souillée. Croix gammées et slogans antisémites défigurent la stèle élevée à la mémoire des Juifs déportés. «Vive Hitler», «gaze les juifs», les phrases obscènes se superposent aux lettres gravées dans la pierre.
Sous la peinture bleue, l’hommage aux «victimes innocentes d’un monde lourd de péchés» reste lisible. Les vandales n’ont pas circonscrit leur haine à la stèle. Tout le pourtour du lieu de culte a été sprayé dans la nuit de samedi à dimanche.
Des fidèles venus se recueillir ont découvert cette vomissure scripturale hier matin. L’acte, qualifié de «scandaleux et consternant» par Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD), entraînera le dépôt d’une double plainte. Celle de l’organisation précitée ainsi que celle de la communauté israélite de Genève, propriétaire des lieux.
«Nous ne pouvons pas passer sous silence de tels actes», affirme Philippe Grumbach, président de la CICAD. S’il se refuse à «peindre le diable sur la muraille, Genève n’étant pas Sarcelles», il se déclare inquiet. «Je ne peux m’empêcher de faire le lien entre de tels actes et l’incendie de la synagogue de Lugano.» L’édifice avait flambé dans la nuit du 13 au 14 mars dernier, atteint par des cocktails Molotov.
Recrudescence des actes antisémites
Sabine Simkovitch-Dreyfus, présidente de la communauté israélite de Genève, constate «une claire recrudescence des actes antisémites par rapport à ce qui se passait il y a encore cinq ou dix ans».
Entre octobre 2003 et décembre 2004, la CICAD avait recensé 34 actes antisémites en Suisse romande, dont 28 à Genève. Ceux d’hier choquent particulièrement Johanne Gurfinkiel, car perpétrés en pleine année de la commémoration de la Shoah. Triste hasard du calendrier, dimanche marquait le 60e anniversaire de la libération des camps de concentration nazis de Ravensbrueck, Bergen-Belsen et Sachenhausen. Les responsables de la CICAD et Sabine Simkovitch-Dreyfus n’y voient pas de lien direct, doutant que les auteurs de ces actes soient suffisamment cultivés pour connaître cette date.
Pas de précédent
La police, avertie hier à midi et demi, s’est immédiatement rendue sur place et a ouvert une enquête. Elle n’exclut aucune piste, ne disposant d’aucun précédent sur lequel se baser. «Nous avons déjà affronté toute une série de graffitis par le passé, mais jamais de nature aussi violente que ceux-ci», déplore Sabine Simkovitch-Dreyfus.