Le concert d’extrême droite qui a réuni samedi passé quelque 5000 néonazis à Unterwasser (SG) continue de faire des vagues.
Une vidéo tournée durant la soirée, et publiée par le «Blick», montre la formation Frontalkraft déclamer lors d’un chant sur les «traîtres à la patrie»: «Schwarz ist die Nacht, in der wir euch kriegen. Weiss die Männer, die für Deutschland siegen. Rot ist das Blut auf dem Asphalt» (Noire est la nuit, pendant laquelle nous vous retrouverons. Blancs sont les hommes, qui gagnent pour l’Allemagne. Rouge est le sang sur l’asphalte).
C’est «un appel indirect à la violence», s’insurge dans «SonntagsBlick» Corina Eichenberger, conseillère nationale (PLR/AG) et présidente de la commission de la politique de sécurité (CPS). Une plainte pénale pour violation de la norme antiraciste a déjà été déposée par la fondation contre le racisme.
«Rien à faire en Suisse»
La Suisse «n’est pas un paradis pour les extrémistes de droite», déclare de son côté le conseiller fédéral Guy Parmelin dans une interview accordée à la «Zentralschweiz am Sonntag» et à la «Ostschweiz am Sonntag».
Le ministre UDC se dit fâché, car de tels événements «n’ont rien à faire en Suisse». Empêcher le rassemblement aurait dû être «une responsabilité conjointe». D’après le Vaudois, l’idéal serait de parvenir à sensibiliser les loueurs de locaux et, en cas de doute, que la police soit avertie.
Rassemblement organisé durant des mois depuis l’Allemagne
Des recherches menées par la «SonntagsZeitung» révèlent des liens suspects entre le concert organisé à Unterwasser et un membre présumé du groupuscule terroriste et néonazi Clandestinité national-socialiste (NSU). Le rassemblement du week-end dernier aurait été organisé depuis des mois depuis une localité allemande, située à environ 500 kilomètres de la localité saint-galloise.
Selon le dominical, le tout a été géré par Steffen R., un Allemand de 32 ans. Ce dernier est un ami d’enfance de Ralf Wohlleben, actuellement emprisonné en Allemagne et accusé d’avoir participé à neuf meurtres racistes. Il serait aussi le quatrième membre de la NSU aux côtés de Beate Zschäpe ainsi que d’Uwe Böhnhardt et Uwe Mundlos. Les deux hommes s’étaient donnés la mort le 4 novembre 2011. Beate Zschäpe, elle, est actuellement jugée en Allemagne.
Brouiller les pistes
Depuis l’arrestation de Ralf Wohlleben, Steffen R. ne cesse de récolter de l’argent pour payer les frais de procès de son ami d’enfance. Plusieurs personnes du milieu ont confirmé cette information à la «SonntagsZeitung». Une personne s’étant rendue la semaine passé à Unterwasser a par ailleurs écrit sur Facebook: «Wolle (en faisant allusion à Ralf Wohlleben) va se réjouir!»
Afin de brouiller les pistes, l’Allemand prend soin de s’entourer de diverses personnes pour l’organisation des concerts. A Unterwasser, il avait demandé à Matthias M., un Allemand de 29 ans, d’annoncer la manifestation à la commune saint-galloise. Le Ministère public a ouvert une enquête contre le jeune homme qui travaille actuellement dans un studio de tatouage à Rapperswil (SG) et habite à Rüti (ZH).
Le concert du week-end dernier aurait permis de rassembler près de 150’000 francs. Les visiteurs ont dû verser les 30 euros du billet d’entrée directement sur le compte de David H. Le compte IBAN de cet Allemand avait déjà été utilisé pour un autre concert néonazi, dont une partie des recettes aurait également été utilisée pour venir en aide à Ralf Wohlleben.