Le Temps: VAUD Les autorités ont des raisons évidentes de refuser la tenue d’une «Conférence sur le nationalisme» annoncée dans la région lausannoise, selon Martine Brunschwig Graf, présidente de la Commission fédérale contre le racisme
L’annonce d’une «Conférence sur le nationalisme» le 5 novembre prochain «dans la région lausannoise» comme l’indique l’affiche qu’a pu consulter Le Temps, provoque l’émoi. Le Blick a révélé l’information vendredi en pointant du doigt les quatre intervenants figurant au programme.
Orateur se réclamant du fascisme
L’un d’entre eux, Sébastien de Boëldieu, aussi connu comme Sébastien Magnificat, milite au sein de l’organisation italienne CasaPound. Sa principale «source d’action» est l’expérience fasciste, revendique-t-il sans fard. Autre orateur invité, le Français Daniel Conversano, se dit «écrivain de gauche nationaliste». Il indique sur Facebook que sa «mission est de faire découvrir aux francophones tous les types de militantisme blanc et nationaliste de par le monde». Il aurait déjà donné une conférence à Lausanne en janvier 2015 dans la discrétion la plus totale.
Troisième personne à l’affiche, le Vaudois Philippe Brennenstuhl, responsable de la section romande du Parti nationaliste de Suisse, a lui-même été condamné en 2002 à 3 mois de prison pour discrimination raciale. Le groupe lyonnais de rock identitaire Frakass, qui doit se produire en fin de séance, écrit des chansons aux paroles sans équivoque. L’affiche de la manifestation donne une date, le 5 novembre, mais aucun lieu précis, ni organisateur, comme il est de coutume dans les milieux extrémistes. Les détails sont en général communiqués le jour même.
Les autorités ont donc une semaine pour réagir. La possible tenue de la manifestation n’a pas échappé à la police cantonale vaudoise ni au Service de renseignement de la Confédération (SRC). Ensemble, et en collaboration avec des polices cantonales voisines – la «région lausannoise» est une notion vaste – ils analysent la situation. Aucun renseignement supplémentaire ne peut être fourni à ce stade «pour des raisons de sécurité».
Selon Martine Brunschwig Graf, présidente de la Commission fédérale de lutte contre le racisme, «la situation est plutôt claire: des personnes sont en train de violer la loi, parce qu’on ne tient pas en Suisse de manifestation non autorisée dès lors qu’elle est publique. Cela donne aux autorités une raison de refuser la tenue de cette conférence.» Si les organisateurs ont demandé une autorisation, – délivrée par les communes dans le canton de Vaud, – le sésame peut être refusé au motif que des normes pénales, dont la norme antiraciste, risquent d’être enfreintes durant la conférence.
De manière générale, lors de ce type d’événements, la police cantonale vaudoise conseille d’ailleurs au loueur de refuser l’événement. Et si les organisateurs de la sulfureuse conférence ne sollicitent pas d’autorisation, ils se comportent de manière contraire aux règles, comme l’explique la Genevoise.
Encore faut-il pouvoir les identifier. La clandestinité de telles manifestations donne du fil à retordre au SRC. Dans le cas du concert néonazi donné dans le canton de Saint-Gal l le 15 octobre, il n’avait pu déterminer le lieu exact de la manifestation que le jour même, dans l’après-midi.
, BERNE @LiseBailat