24 heures: Extrémisme Une conférence sur le nationalisme est prévue dans la région lausannoise. Avec la présence d’un groupe d’extrême droite
Et de trois. Après le rassemblement monstre d’Unterwasser, dans le Toggenburg, qui a réuni 5000 néonazis il y a quelques jours, puis un autre plus discret, à Kaltbrunn (SG), un troisième concert néonazi est prévu en Suisse en moins de trois semaines. Mais de ce côté de la Sarine cette fois, puisqu’il devrait se tenir dans la région lausannoise, samedi prochain.
Le groupe français Frakass, auteur du titre Blitzkrieg ou encore de Meine Ehre heisst Treue (la devise des SS), assurera la partie musicale d’une conférence sur le nationalisme. Trois orateurs s’y exprimeront, annonçait le Blick hier. Outre le français Daniel Conversano, qui proclame sur Internet n’aimer «que la couleur blanche, et aucune autre couleur», et Sébastien de Boëldieu, de l’organisation italienne CasaPound, dont les membres se présentent comme des «fascistes du IIIe millénaire», on y retrouvera Philippe Brennenstuhl, fondateur et président du Parti nationaliste suisse.
Se présentant comme le garde du corps de l’ancien président algérien Ben Bella, ce dernier compte s’exprimer pêle-mêle sur le nationalisme arabe, l’islamisme, la censure des médias, son mouvement, la politique et l’engagement nationaliste. Il est en revanche nettement moins disert lorsqu’on l’interroge sur l’organisation de l’événement.
«Je ne sais pas qui l’organise et je ne connais pas les deux autres orateurs qui s’exprimeront à cette conférence», assure-t-il. Même mutisme lorsqu’il s’agit de donner le lieu exact du rassemblement. «Aucune idée, mais l’emplacement d’événements de ce genre est souvent donné au dernier moment.»
La raison? «On craint les antifa (ndlr: les antifascistes) et les black blocs, qui viennent pour tout casser, souvent de l’étranger. Nous, nous ne cassons rien et n’attaquons pas la police. Tout est toujours bien organisé et il n’y a jamais aucun débordement.»
Situation délicate
Côté autorités vaudoises, où l’on a appris la tenue de l’événement il y a quelques jours, c’est également le silence radio, mais pour d’autres raisons. «La police cantonale est au courant de la possible organisation de cette manifestation et analyse la situation avec le Service de renseignement de la Confédération (SRC) et les polices des cantons voisins. Nous ne pouvons pas donner d’autres détails à ce stade pour des raisons de sécurité et de maintien de l’ordre public», indique Laurence Jobin, porte-parole du Département des institutions et de la sécurité.
Pour l’Etat, la situation est délicate, surtout après l’épisode d’Unterwasser, où la police cantonale saint-galloise – avertie par le SRC – avait essuyé nombre de critiques. Hier, le PS du canton allait même jusqu’à demander la démission du commandant de la police cantonale, une requête rejetée par le chef du Département saint-gallois de justice et police, Fredy Fässler (PS). Il faut dire que dans le Toggenburg, les forces de l’ordre, qui n’avaient appris la tenue du festival néonazi qu’au dernier moment, ont été débordées.
La situation est différente en terre vaudoise, où les autorités sont déjà au courant. Mais, liberté d’expression oblige, l’Etat de Vaud ne peut pas interdire pour interdire. Reste la possibilité d’approcher la Municipalité qui aurait autorisé l’événement, ou le privé qui aurait mis une salle à disposition, pour lui conseiller de le refuser. L’Etat peut aussi décider de l’interdiction en raison d’un danger important pour la sécurité et l’ordre publics. On peut enfin imaginer des agents en civil sur place relever d’éventuelles infractions et les dénoncer dans la foulée.
Après le festival d’Unterwasser, la Fondation contre le racisme avait déposé une plainte pénale auprès du Ministère public du canton de Saint-Gall pour violation de la norme pénale contre le racisme. S’apprête-t-elle à le refaire? «Nous nous réservons le droit de porter plainte si nous devions constater une violation de la loi. Il ne faut pas que la Suisse devienne le paradis des néonazis», lâche le directeur de la fondation, Dominic Pugatsch.
«Nous nous réservons le droit de porter plainte. Il ne faut pas que la Suisse devienne un paradis néonazi»
Dominic Pugatsch Fondation contre le racisme