24 heures: Yverdon
La population et ses amis ont rendu hommage à Dylan, mort dans un acte de violence gratuite
Madeleine SchürchTexte Chantal DerveyPhotos
Une centaine de personnes se sont retrouvées sur la place Bel-Air, samedi en fin de journée, pour honorer la mémoire de Dylan, un apprenti de 17 ans décédé vendredi, au CHUV, d’une grave blessure à la tête, après avoir été agressé la veille, en fin d’après-midi, par un adolescent de 16 ans (24 heuresde samedi).
Les premiers à avoir posé deux roses à l’endroit où s’est déroulé le drame, juste en face de l’arrêt de bus, étaient deux ados de 14 et 16 ans. Ils avaient griffonné et fait signer aux copains deux billets, l’un pour la victime et sa famille, l’autre avec un mot pour R. , l’auteur présumé de l’agression: «Courage, on sait que t’as pas fait exprès. »
«Je le connaissais bien, car il jouait au foot avec mon frère, raconte le plus jeune. C’était un gars bien mais qui était sous l’influence des plus grands. Il a tapé et son adversaire est tombé. C’était un accident, il n’a pas voulu tuer», justifie le garçon, qui se trouvait, lors de l’agression, au McDonald’s donnant sur la place.
Selon lui, R. , un Suisse d’origine colombienne, en première année d’apprentissage de mécanique de précision, aurait été mis au défi, par sa bande de copains, de s’en prendre à cet ado qui portait une veste Lonsdale, griffe dont certains néonazis ont fait un signe de ralliement, mais que beaucoup de jeunes portent simplement pour le look.
C’est accompagné de sa sœur que le jeune agresseur, qui a d’abord pris la fuite, aurait été se rendre à la police, quelques heures après, atterré par les conséquences de son geste.
Un garçon positif
Un homme, qui a beaucoup côtoyé la jeune victime car il travaille avec son père dans une grande surface d’Yverdon, est consterné. «C’était un gars supergentil, qui n’avait rien à voir avec un skinhead. »
Dylan était en deuxième année d’apprentissage de cuisinier dans un restaurant de la vieille ville d’Yverdon. «Jeudi, il était en retard, car il devait prendre son service à 18 h. On a téléphoné, sans succès, et plus tard, c’est la police qui nous a informés de ce qui lui était arrivé», raconte son patron. Dylan était un garçon sans histoires, qui suivait sa formation avec application.
Domicilié dans un village de la région, il dormait parfois chez son père à Yverdon, vu ses horaires de travail.
Selon le pasteur Jean-Marc Savary, qui a participé samedi à la réunion silencieuse de la place Bel-Air, Dylan n’était pas un bagarreur. Il fréquentait les activités organisées par l’aumônerie de la jeunesse de la région, que le pasteur dirigeait il y a une année encore. «C’était au contraire un garçon rempli de vie et d’amour. Il était extrêmement positif pour le groupe», relève le pasteur, qui n’en dira pas plus, désireux de se consacrer désormais à l’accompagnement des jeunes et des familles dans le deuil.
Hier après-midi, les messages affluaient sur la page Facebook ouverte en hommage à Dylan, exprimant tour à tour la colère face à cette violence gratuite, la douleur face à la perte d’un enfant, mais aussi quelques menaces à l’encontre d’un internaute ayant tenu des propos indécents.
Parents inquiets
Devant les fleurs qui s’accumulaient samedi à la place Bel-Air, posées tant par des connaissances que par des inconnus émus par le drame, un couple de la région s’est arrêté. Alain et Séverine Thiebaud sont bouleversés car leur fille de 18 ans a elle aussi été agressée, en avril dernier, avec son copain, en sortant d’une boîte yverdonnoise. «Une dizaine de jeunes s’en sont pris à eux et ma fille a été frappée et a chuté alors que son ami était roué de coups», raconte le père. Heureusement, la jeune fille s’en est tirée avec une commotion, mais reste choquée, car elle a été agressée par le frère d’une amie. Marqué par la mort du jeune Michaël, qui avait été poignardé à la gare d’Yverdon en 2003, le papa venait toujours chercher sa fille en voiture, lorsqu’elle sortait le soir. «Cette fois, je n’étais pas là. »